Daniel Abraham

Eulogy read on the one year anniversary unveiling ceremony.

Psaumes

Nous sommes comme le vent
Notre vie n'est qu'une ombre qui passe.

Nous sommes balayes comme un reve qui s’efface à l’aurore.
Nous sommes comme l’herbe
Qui fleurit et pousse un beau matin,
Et le soir venu, se fane et se flétrit.

Le temps de notre vie
Ne dure que quelque annees
Et toute notre existence n’est que peine et misère
Car le temps passe vite et puis nous disparaissons

Apprenons donc à bien compter nos jours,
Afin de devenir sages

L'homme retourne a la poussiere
Et la poussiere retourne a la terre…
Mais son esprit reste avec nous
A toujours.

…

3
Il aura fallu cette maladie peu connue, quelque chose de "pas sympa" comme tu m'avais annonce, pour nous montrer l'immensite de ta force, de ton courage, et de ta pudeur.

Tu ne t'ai jamais plainte, tu n'a rien demande, tu ne voulais deranger personne – et surtout pas ton petit frere. En plein cauchemard, tu as prefere faire semblant que tout allait bien.

Tu ne supportais pas les gens qui ne peuvent pas s'empecher de pleurnicher et parlent sans arret de leur petits malheurs. Tu etais discrete, secrete, pudique. Tu ne voulais pas parler de toi-meme – ca ne se faisait pas chez nous.

Alors tu preferrais rire et pretendre que tout allait bien. Tu a menti a tout le monde, pour ne pas avoir a repondre aux memes questions sans fin que tu ne voulais plus entendre – si les gens ne comprenaient pas, tu arretais de les voir. Et si j'osai te poser une question de trop, tu me disais "ah arretes, tu m'embetes". Alors a la place on parlait des enfants, et puis de projets de voyages ensemble, et puis de toutes les choses qui t'tinteressaient : les nouvelles expos, le dernier concert, du prochain spectacle, de voyages a Budapest ou Buenos Aires…

La premiere fois que je t'ai vu dans la rue apres ton operation, je ne t'ai pas reconnu. Je ne sais pas si tu t'es apercue. Tu n'as rien dit. On n'a bien sur jamais parle de tes cicatrices, de ton visage change. La seule fois que je t'ai entendu en parler, tu as juste dis en regardant une vieille photo "Ah, j'etais photogenique". C'est tout – tu as meme reussi a dire ca sur un ton leger.

Je ne sais pas comment tu as fait. D'où tu trouvais cette force, ce courage. Ou plutot, si. Evidemment, tu avais appris ca chez maman.

Vers la fin, quand les problemes sont revenus, et qu'il etait devenu trop difficile de faire semblant de croire en l'illusion d'une guerison – tu as juste dis que tu etais fatiguee et que tu avais besoin de te reposer…

On m'a dit que tu etais souriante, tu avais l'air sereine, comme si tu revais paisiblement, contente de dormir.

J'espere que c'etait vrai, et pas juste une derniere politesse / delicatesse que tu aurais fait pour pour nous cacher la realite et nous epargner de la peine,

J'espere que tu es partie doucement, en revant
Et que tu continues de rever.
Et que la paix est maintenant venue pour toi

— — — —

El Mal’e Rachamim

Kaddish

Dear Gaby

I went to the apartment to water the plants. The big ficus tree isn’t doing too well - actually, I have to be honest - it’s not alive anymore … I should have taken better care of it. I guess it’s too late now.

I also picked up your mail. Nothing special, the program for the next season of the Paris Orchestra, I’m sure there’s a lot of stuff you like. There’s also an invitation to an opening at an art gallery - I’d never heard of the artist, I guess a friend of yours?

You had an appointment at Roussy - do you want me to talk to them?

Oh - and also - there was one of those letters from the Cancer Society, asking for a donation. They sent a sheet of stickers with the sun and a flower, and your name and address on top, you know, to use as your return address on your mail. I didn’t think that was too funny.

What else can i say? I still check my email in-box, to see if there’s a message from you. Weekends are the worse - Saturday and Sunday mornings, it always takes a little while before I remember I shouldn’t wait for the phone to ring.

Did I tell you? a number of people you worked with have sent really nice letters. Someone from Italy, someone from Spain, I think someone from England, or Germany… I’ll check again, I need to write to them and thank them. I haven’t been very good I’m afraid - not as good as all these people have been to me.

And the people from the office have been amazing, they really miss you. Seems like they were part of the family in a way. Even though you hid everything from them - they really cared for you.

And Mme Tounkara - what she told me that day - the way she described you - it was really incredible. What a good liar you were. You fooled her too, she had no clue what was going on. and she was one of the last people to see you - she said you were joking, smiling. what happened?

Anyway… I have to go now, back to work

Oh, the kids miss you - David keeps asking for you - it’s so hard to explain - in the beginning I think he blamed me - I understand. and I still don’t know what to say to him.

And there’s a tree growing in Bklyn - it’s still small and naked - I hope when spring comes it will be less miserable - maybe when the first buds come out - we’ll see

voili - voilou

je t’embrasse - tu me manques tu sais

D.